Comparant les coquetteries des belles citadines africaines aux coiffures de stars de cinéma, les coquetteries des Hautes Terres de Nouvelle Guinée à celles des Merveilleuses du Directoire, l’exposition avance vers l’idée du matériau humain à modeler, à sculpter, support de savoir-faire, de la relativité de la beauté. Mais aussi objet de perte, symbole du temps qui passe. Reliques, les cheveux conservent un peu de l’aura et de l’énergie de leur propriétaire. Des coiffes des Papous aux ornements amérindiens, l’exposition s’intéresse aussi à ces cheveux-trophées dotés de multiples et prodigieux pouvoirs, ces « mana » qui ont donné naissance, dans le monde, à de nombreux objets dits « magiques ».
Coiffes de plumes brésiliennes, têtes d’indiens jivaros et médaillons-souvenirs de cheveux complètent en seconde partie les peintures et photos qui ouvrent l’exposition. Ce sont au total plus de 200 objets, dont 80 chefs-d’oeuvre du musée du quai Branly – Jacques Chirac ainsi que des collections des musées bretons des beaux-arts qui illustrent et mettent en oeuvre les problématiques de l’intime individuel et sa sociabilité sur le thème universel et intemporel des cheveux.
Cette exposition a été conçue et présentée au musée du quai Branly - Jacques Chirac du 18 septembre 2012 au 14 juillet 2013.
Hirsute. L’image stéréotypée des premiers hommes est l’image d’êtres échevelés mais on imagine, au moins depuis la Vénus de Brassempouy, vers 21 000 ans avant J.-C. et sans doute avant, que l’humain a coupé, arrangé, coiffé ses cheveux pour plaire et se plaire, prendre ses distances avec l’état de nature. Au contraire de la robe animale, la chevelure humaine dans sa diversité de matières épaisses, lisses, crépues… doit être créée, construite, façonnée. C’est pourquoi elle est à ce titre support d’expression et de communication des individus et des sociétés, marqueur d’une multiplicité de socialités. Le cheveu, comme le poil, vient de l’intime obscur du corps. Dans de nombreuses langues, il n’y a d’ailleurs pas de distinction entre les deux. Les cheveux, qui couronnent le visage, sont cependant des supports expressifs beaucoup plus riches de formes et de sens à explorer. Au croisement de l’anthropologie, de l’histoire ancienne et contemporaine de la mode et des catégories artistiques, de classifications, ce sujet universel traverse les cultures européennes et non européennes. En explorer les métamorphoses révèle des aspects inattendus et complexes de la légèreté et de la gravité des hommes.
Par Yves Le Fur Commissaire scientifique de l’exposition « Cheveux chéris, frivolités et trophées ».
AUTOUR DE L'EXPOSITION
RENCONTRE EXCEPTIONNELLE AVEC YVES LE FUR, LE COMMISSAIRE DE L'EXPOSITION
Une rencontre exceptionnelle au café de l'abbaye, avec le passionné et passionnant Yves Le Fur, commissaire de l’exposition Cheveux chéris, frivolités et trophées, historien d'art et directeur du département du patrimoine et des collections du musée du quai Branly-Jacques Chirac.
Rencontre animée par Marie-Hélène Fraïssé, grand reporter et écrivain.
● Dimanche 23 septembre, 15h Rencontre exceptionnelle avec Yves Le Fur
LES RENDEZ-VOUS PHILOSOPHIQUES DE L'ABBAYE, AVEC YAN MARCHAND
L'abbaye vous invite à échanger et à croiser vos idées dans une démarche de questionnement et d'exploration, avec :
l Café philo l Pour les adultes
● 7 octobre - « Pourquoi je vais chez le coiffeur ? »
● 2 décembre - « La chevelure est-elle un objet de pouvoir ? »
l Philo grenadine l Pour les enfants
● 24 octobre - « Pourquoi je vais chez le coiffeur ? »
● 21 novembre - « Cheveux courts, cheveux longs ! Fille ou garçon ? »